segunda-feira, 4 de maio de 2015

Suspendu du FN, Jean-Marie Le Pen déclare la guerre à sa fille / LEMONDE / « Désavoué » au FN, Jean-Marie Le Pen ne quitte pas la vie politique pour autant/ LE MONDE / VÍDEO/ Jean-Marie Le Pen répond à sa fille "Je suis prêt à me battre"


Suspendu du FN, Jean-Marie Le Pen déclare la guerre à sa fille

Furieux, « trahi », « traité de façon scandaleuse », Jean-Marie Le Pen n'a pas eu de mots assez forts, lundi 4 mai au soir, dans une interview accordée à Europe 1 pour dire toute sa colère d'avoir été suspendu de son statut d'adhérent du Front national par le bureau exécutif du parti présidé par sa propre fille. Celui-ci s'était longuement réuni dans l'après-midi afin de décider des sanctions qui lui incomberaient, après ses différentes déclarations polémiques, dont Marine Le Pen s'était désolidarisée.
Dès dimanche, la présidente du parti avait souhaité que son père ne s'exprime plus « au nom du FN ». Cette fois, son père souhaite qu'elle « perde son nom ». « J'ai honte que le président du Front national porte mon nom et je souhaite qu'elle le perde le plus vite possible », a-t-il lâché, lui suggérant d'épouser son concubin, Louis Alliot, ou le vice-président du parti Florian Philippot. « Je ne me reconnais pas de lien avec quelqu'un qui me trahit d'une manière aussi scandaleuse », a-t-il encore fustigé.
A l'Agence France-Presse (AFP), il a encore assuré qu'il allait demander qu'on lui renvoie « une partie de (ses) cotisations. Comme j'ai adhéré à 1 000 euros, je trouve que c'est beaucoup. » Il n'a pas non plus exclu de poursuivre le parti en justice, « ils doivent s'attendre à tous les moyens », a-t-il prévenu.
Disparition du « président d'honneur »
En plus de se voir suspendu de sa qualité d'adhérent du parti par la décision du comité exécutif, Jean-Marie Le Pen devrait perdre son statut de « président d'honneur ». Dans les « trois mois », une modification des statuts supprimant le poste qu'il occupe sera soumise à une assemblée générale extraordinaire.
M. Le Pen n'a jamais été un adhérent du FN comme les autres. Il a participé à la création du parti, en 1972, et l'a ensuite présidé jusqu'en janvier 2011. C'est à cette date, lors du congrès de Tours, que sa fille Marine prend sa succession à la tête du parti. Les statuts du FN sont alors modifiés, avec la création d'un nouveau poste : la « présidence d'honneur ». L'article 11 bis de ces statuts en précisent les contours.
C'est sur cet article que l'assemblée générale devra se prononcer. Sa suppression a été approuvée par une majorité des membres du bureau exécutif, plus haute instance du parti. Elle doit maintenant l'être par les militants.
Le membre historique du parti a d'ailleurs affirmé à l'AFP qu'il ne doutait pas du soutien que lui accordaient ces derniers. « Les adhérents vont être indignés par la félonie, en tout cas, ceux qui ont le sens de l'honneur. » « Je n'ai pas volé ce soutien, je ne l'ai pas reçu en héritage non plus », a-t-il aussi taclé, concluant, en riant : « Et si on trouve mon cadavre, sachez que je ne me serai pas suicidé. »
« Il ne doit plus pouvoir s'exprimer au nom du FN »
A l'issue d'un bureau politique dans la matinée, Jean-Marie Le Pen, se disant « désavoué », avait refusé de participer au bureau exécutif. Il a par la même occasion exclu tout retrait de la vie politique et a indiqué qu'il continuerait à parler en son nom.
« Je ne parle plus au nom du Front national depuis que je ne suis plus président. Depuis quatre ans que Marine Le Pen est présidente, c'est elle qui parle au nom du Front national. Moi, je parle au nom de Jean-Marie Le Pen. »

La suspension de M. Le Pen fait suite à des propos réitérés par ce dernier sur RMC, au début  d'avril, qualifiant les chambres à gaz du régime nazi de « détail » de la seconde guerre mondiale. Désavoué par sa fille, il avait ensuite donné une interview à l'hebdomadaire Rivarol, dans laquelle il avait déploré : « On n'est jamais trahi que par les siens. »
Avec la décision d'écarter son père du parti, c'est la « dédiabolisation » de la formation politique voulue par Marine Le Pen qui est en jeu. Un sondage BVA-Orange-iTélé publié samedi a conforté la volonté de la présidente du mouvement :
près d'un Français sur trois (32 %) souhaite que Marine Le Pen ait davantage d'influence dans la vie politique française – son meilleur score avec cet indicateur –, alors que Jean-Marie Le Pen voit sa « cote d'influence » chuter à 2 %.

« Désavoué » au FN, Jean-Marie Le Pen ne quitte pas la vie politique pour autant

Jean-Marie Le Pen a mis fin au suspense sur sa présence au bureau exécutif du Front national (FN) auquel il était convoqué, lundi 4 mai, pour d'éventuelles sanctions. Le « président d'honneur » du parti, qui a participé au bureau politique dans la matinée, a répété qu'il « refuse » de se présenter devant la plus haute instance du FN, où il devait répondre de ses multiples propos polémiques.
Se disant « désavoué », M. Le Pen a cependant exclu tout retrait de la vie politique et a indiqué qu'il continuerait à parler en son nom. Même s'il compte, « bien sûr », toujours soutenir Marine Le Pen en tant que « présidente du FN ».
« Le président d'honneur, fondateur du Front national, estime que c'est contraire à sa dignité de se présenter devant une assemblée disciplinaire alors qu'il s'estime parfaitement innocent. »
Le bureau politique de lundi matin devait initialement se consacrer aux investitures pour les élections régionales, Jean-Marie Le Pen l'a transformé en conseil disciplinaire avant l'heure. La réunion a été « agitée », selon certains participants, et a duré près de quatre heures.
Une motion condamnant les propos du président d'honneur a ainsi été votée. « Sans préjuger des décisions du bureau exécutif », qui doit trancher dans l'après-midi le cas de M. Le Pen, le bureau politique « considère que les commentaires ou prises de position du président d'honneur ne peuvent en aucun cas engager le Front National, sa présidente ou ses instances délibérantes ».
Lire le décryptage : Jean-Marie Le Pen peut-il être exclu du Front national ?
« Tout est possible… »
Dimanche, Marine Le Pen a fait un pas de plus vers la mise à l'écart définitive de son père : « Jean-Marie Le Pen ne doit plus pouvoir s'exprimer au nom du Front national, ses propos sont contraires à la ligne fixée », a tranché la présidente du parti sur le plateau du « Grand Rendez-vous » Europe 1-Le Monde-i-Télé. « Il ne faut pas que ses propos engagent le mouvement. » Mme Le Pen n'a toutefois pas dit concrètement quelle sanction elle souhaitait voir prise.
Florian Philippot, influent vice-président du parti, en a rajouté dans la dramatisation. Interrogé dimanche soir sur l'hypothèse d'une exclusion de M. Le Pen, il a répondu : « Tout est possible… » Elle comporterait toutefois des risques sérieux. « Ça ouvrirait les portes de l'enfer ! », prévient un frontiste. « Il peut être tout aussi venimeux une fois exclu », remarque un autre.
Que Jean-Marie Le Pen quitte de force le parti à la création duquel il a participé en 1972 serait « surnaturel, surréaliste ! », prévient son principal soutien, la vice-présidente Marie-Christine Arnautu. Pour plusieurs cadres du Front national, tout dépendra de la manière, conciliante ou provocante, dont Jean-Marie Le Pen se présentera devant ses « juges ».



 

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